Je dois bien avouer que je ne m’attendais pas du tout à ça quand j’ai emporté ce livre d’une boîte à lire à Ornacieux, petit village d’Isère en France au mois de mai dernier. Je l’avais vu beaucoup passer sur les réseaux sociaux, j’avais lu beaucoup d’avis très positifs dessus si bien que je l’ai pris, sans trop me poser de questions. C’était bien le genre de bouquin que j’aurais pu acheter dans le commerce alors je l’ai embarqué.
On y suit la vie d’une jeune fille, à l’orée de l’adolescence au début du récit. Elle vit dans une banlieue pavillonnaire aussi grise et triste que ses habitants. Son père est violent, sa mère est amorphe. L’étincelle qui l’anime, c’est le sourire de son petit frère, Gilles. Jusqu’au jour d’un terrible accident qui va faire basculer leur vie à tous les deux. Plus que jamais, notre héroïne est prête à tout pour réentendre le rire de son frère.
La violence qui parcourt le récit comme un fil rouge m’a surprise pour la première fois au bout de 50 pages environ. Je commençais à m’ennuyer un peu de ces descriptions. Sa vie. Sa famille. Le Démo (le quartier où elle habite). Et puis… BAM ! je me suis pris le coup aussi violemment qu’elle. A ce moment-là, j’ai lu attentivement la quatrième de couverture. Oui. Bon. C’est marqué qu’un truc va bouleverser leur vie. Et puis sinon, il n’y aurait pas d’histoire à raconter, juste des descriptions interminables.
Mais cette violence, elle m’a surprise plusieurs fois encore par la suite. Elle prend vie dans le récit comme n’importe quel autre personnage, tout comme la peur, la survie. Elle s’enracine partout, quasi omniprésente et la jeune fille fait preuve d’une lucidité clinique quant à son existence. Son histoire m’a particulièrement déchiré le cœur car elle a à peu près l’âge de mes élèves habituels. Je ne pouvais pas détacher les yeux de ces pages qui décrivaient sa vie, sa préadolescence, son combat pour survivre dans un environnement si hostile. La prof en moi avait peur pour elle, se sentait impuissante face à ce père horrible, l’attitude de son frère à jamais marqué par l’évènement du début. La femme en moi voulait lui donner des stratégies de survie, m’élever à côté d’elle pour la soutenir, la défendre, la guider.
Je dois avouer que malgré mon désemparement et la violence du récit, l’autrice a su trouver un équilibre pour me faire rester jusqu’au bout de ma lecture (et je suis contente de l’avoir terminée alors que plusieurs fois, je me suis dit « mais c’est encore pire que la dernière fois! » Je redoutais vraiment la suite…). Les autres personnages que l’héroïne (on ne saura jamais son prénom) côtoie dans ce quartier font une bonne part du job. Tout n’est pas aussi morne et gris qu’il n’y parait. Il y a quelques étincelles qui l’aident à avancer dans l’obscurité.
Totalement conquise et satisfaite par le dénouement, je n’en reste pas moins marquée par le sentiment d’horreur qui s’est imprégné en moi à plusieurs reprises au fil de ma lecture. Est-ce là qu’on peut dire qu’un livre nous a vraiment marqué ? J’ai beau savoir qu’il s’agit d’une fiction, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur la part de vérité du vécu dans ces familles, ces quartiers. Ma propre vie en est tellement éloignée… Les récits suffisent-ils pour nous faire prendre la mesure de ce genre de réalité ?
Tu as lu ce livre ? Qu’en as-tu pensé ?
Je l’ai dans ma PAL depuis longtemps, je n’ai toujours pas osé le commencer, je ne pense pas que ce soit la bonne période pour moi ce genre de lecture 😉
Tu le liras quand ce sera le bon moment du coup. Un jour, il va t’appeler et tu te diras « ok on y va! » 😊
Hello !
Comme toi, j’avais été pas mal marquée par la violence qui se dégage par vagues, de ce roman.
J’avais lu ce roman un peu en apnée, en sentant monter l’angoisse de cette ambiance glauque dans laquelle évolue cette jeune fille.
Une lecture coup de poing, comme on dit !
Ah ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule à avoir eu ces réactions aussi! ^^