Ça fait déjà 3 semaines que je n’ai pas pris le temps de te donner de nos nouvelles. Si tu suis mes aventures sur Instagram, tu sais déjà que ces dernières semaines ont été quelques peu mouvementées.
Nous avons quitté Ulvik le 1er novembre dernier pour arriver à Kvam le 4, après une pause de 2 jours à Lillehammer. Nous nous réjouissions vraiment de découvrir cette ferme avec tous ces moutons et cette famille franco-norvégienne. Leur profil était idéal et les reviews excellentes. Comme quoi, on peut mal tomber malgré toutes les précautions qu’on peut prendre …
Le fermier est venu nous chercher à la gare de Kvam lors de notre arrivée et, dans la voiture, il nous annonce que sa femme souffre de dépression depuis des années et qu’elle a quitté la ferme, avec le projet de rentrer définitivement en France. Au départ, nous pensions avoir mal compris mais c’est effectivement le cas : à notre arrivée, aucune trace de la personne avec qui nous discutions depuis un mois et qui n’a pipé mot de la situation. On tombe des nues.
Le mécontentement arrive, la colère aussi et la frustration en plus du sentiment d’avoir été pris pour des cons (désolée, y’a pas d’autre mot). Vivre dans une famille dont un des deux membres du couple a l’air sympa, parle ta langue maternelle (ce qui facilite la communication), t’a exposé un peu le travail à faire avec les moutons, le fait qu’elle vend la laine en boutique… n’est pas du tout comparable au fait d’arriver au beau milieu d’un couple qui se déchire et qui ne communique plus avec des enfants et un grand-père perdus au milieu de tout ça. Des Wwoofers n’ont rien à faire au milieu de ces problèmes de famille.
Le soir de notre venue, nous apprenons que la fille avait en réalité quitté la ferme un mois avant notre arrivée et continuait d’organiser l’arrivée de Wwoofers sur la ferme sans rien leur dire. Nous l’avons vue deux jours après notre arrivée et tout ce qu’elle a trouvé à répondre à « On pensait que vous seriez là en fait » , c’est : « Ah? je pensais vous l’avoir dit, j’ai du en discuter plus avec l’autre wwoofeuse » . Non, j’crois pas. J’crois pas qu’une personne sensée voudrait venir faire du Wwoofing dans une ferme où il y a tant de tensions entre les gens. 🙂 Et toi aussi, tu le sais. On a eu droit à aucune excuse pour le mensonge, rien du tout.
Nous nous sommes vite rendus compte que toutes les tensions dans cette ferme provenaient de ses sautes d’humeurs. Un soir, elle refuse l’invitation de son beau-père à venir manger et le lendemain, elle regrette de ne pas le voir venir chez elle pour manger une raclette. Un autre jour, elle réclame la garde principale des enfants lors d’une réunion pour le divorce (elle voulait les reprendre avec elle en France) et une somme importante d’argent mais le lendemain, elle revient avec des pizzas pendant qu’on était supposés terminer la tonte des moutons, s’attendant à ce qu’on débarque, probablement souriants et reconnaissants. La cerise sur le gâteau a été l’arrivée de la police le surlendemain matin, pour une plainte déposée par la mère à propos de violence sur l’aîné des deux enfants. Le fermier a été interrogé pendant 3h par la police (la police de l’enfance est une branche très conservatrice et très stricte de la police ici, ils prennent tout ça extrêmement au sérieux). A ses yeux, toutes ces actions ne semblaient pas avoir de conséquences et son mari avait bien conscience de son état d’esprit. Il était lui-même bien perdu et en peine de nous expliquer la moindre chose à réaliser sur sa ferme les premiers jours où nous étions là…
Loin de moi l’idée de vouloir faire ma précieuse et en rajouter une couche mais je dois bien avouer que leurs infrastructures ne sont pas hyper adaptées à du Wwoofing hivernal. Notre vie était éparpillée entre trois maisons différentes : la nôtre où nous avions notre chambre, celle du grand-père où nous passions nos pauses et nos repas du soir ainsi que nos douches et la maison principale où j’allais aux toilettes (sinon, c’était des toilettes extérieures), où nous avions le WiFi et où nous prenions le petit déjeuner. (Autant te dire que vu l’ambiance là-bas, on n’a pas des masses profité de l’internet 😅) En été, ça ne m’aurait pas dérangée car il fait bon et nous aurions probablement passé notre temps dehors. Mais en automne-hiver, il fait plus froid, il fait pluvieux, il y a du vent… Bref, impossible pour moi de prendre ma douche, mettre mon pyjama puis remettre mes chaussures de marche boueuses pour traverser la route dans le noir et monter dans notre chambre. Du coup, je remettais mes vêtements et je mettais mon pyjama une fois dans la chambre. 😁 Et je ne te parle même pas de mon casse-tête pour gérer mes protections périodiques durant mes règles (Oui, oui, un malheur n’arrive jamais seul).
Nous sommes finalement restés là jusqu’au 15 novembre et nous sommes partis vers une autre ferme, proche de Sandefjord lundi 16 novembre au matin. Le fermier partait également sur un chantier et il nous avait demandé de rester pour nous occuper de la ferme avec une autre personne déjà sur place mais nous avons refusé. C’était clairement trop dur pour moi.
Mais j’ai quand même développé quelques skills pendant notre séjour là-bas. J’ai eu un premier contact avec des moutons (les nourrir, les prendre en charge après la tonte, les faire bouger d’un enclos à l’autre dans l’étable), j’ai appris à réaliser un plancher en bois surélevé avec les moyens du bord (et un amoureux au taquet qui a visualisé tout le projet avant qu’on ne se lance), j’ai appris comment asseoir mettre l’animal pour l’immobiliser (même si je n’avais pas la force pour le faire moi-même 😁) et ensuite par où commencer pour le tondre… J’ai aussi regretté le manque de délicatesse parfois dont le berger faisait preuve pour terminer son travail rapidement (à cause du nombre à tondre probablement). Je me suis demandé si le fait d’avoir une relation plus proche avec eux n’aurait pas aidé à les calmer et à les aider à avoir confiance en l’humain qui les manipule. (Mais encore une fois, prendre du temps pour câliner 163 moutons, ça doit pas être facile à caser dans une journée 😅)
En plus des skills, j’ai vécu deux expériences assez drôles. La première est anecdotique mais c’était la première fois que ça m’arrivait alors je veux en garder une trace. Un midi, juste après le lunch et avant la reprise de la tonte, je croise le fermier qui avait l’air de partir vers la voiture. Il me demande si je peux l’accompagner pour aller récupérer sa nouvelle voiture en bas, au village et remonter la sienne. Un peu prise de panique (si tu me connais, tu sais que je conduis rarement car je n’avais pas de voiture en Belgique), je bafouille un oui. Et nous voilà partis dans son 4×4 pick-up … en conduite automatique et non manuelle ! Je n’avais jamais conduit une automatique et encore moins une voiture de ce gabarit, ni dans des routes de montagne ! 😱 Une fois sur le parking, on a échangé nos places, il m’a montré comment utiliser le levier de commandes et puis une fois que j’ai démarré le pick-up et fait demi-tour, je l’ai attendu pour le suivre sur le chemin du retour, seule, dans une voiture inconnue que je conduisais pour la première fois en route vers la ferme 😆 Je n’avais pas mon permis ni mes papiers sur moi et tout ce que je pensais, c’était: « Mon Dieu, faites que la police ne m’arrête pas en chemin. » 😆
La deuxième anecdote que j’ai à raconter lors de notre courte visite là-bas, c’est le sauna. Il faut savoir que les terrains en Norvège sont très bon marché. Alors on n’est plus étonnés de voir de grandes propriétés foncières à la campagne, avec plusieurs maisons dessus, ni d’apprendre que les gens ont une petite maison secondaire ailleurs (une « cabine » comme on dit ici). Cette famille-ci en avait plusieurs, plus haut que la ferme, près de la rivière et d’autres pâtures utilisées en été pour les moutons et aussi un sauna maison. Le samedi après notre arrivée, nous avons du travailler (pour faire le fameux plancher en bois) et le soir, nous avons mangé une raclette. Ce jour-là, le grand-père voulait aller au sauna, après avoir mangé et c’est une autre personne vivant sur la ferme qui l’y a accompagné. Le fermier nous y a conduit ensuite, après avoir fini de manger. Nous nous sommes retrouvés au milieu de nulle part, sans électricité, sans lumière à part celle des étoiles et des bougies, dans un sauna à 70°C élaboré dans une vieille maison toute en bois. Et je me revois, assise à côté du petit papy de 87 ans, nu comme un ver, tous les 4 en train de transpirer et moi de me dire: » Eh ben quelle drôle de famille… Où est-ce que je suis tombée ? 😶 ».
Bref ! Nous voici donc partis pour de nouvelles aventures !
Je vous en raconterai davantage dans le futur article, celui-ci est déjà suffisamment long. 😁 Bonne semaine les amis !
Très chouettes anecdotes de wwofing 🙂 sauf la partie avec la famille qui se déchire, ça n’a pas dû être facile! Mais j’aime beaucoup les autres anecdotes.
Non en effet, pas simple de se retrouver au milieu de tout ça ! Merci Emilie 😀